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Déclin cognitif : la musique peut ralentir son apparition ?

Si rien ne peut stopper le déclin cognitif, certaines bonnes habitudes peuvent aider à le ralentir. La musique pourrait en faire partie selon une récente étude, menée par des chercheurs de l’Université de Genève. On fait le point.

Avec l’âge, notre cerveau perd de ses capacités cérébrales. Ce phénomène, qui est une composante normale du vieillissement, porte le nom de déclin cognitif. Il est inévitable et les chercheurs estiment son apparition aux alentours de 45 ans.

Ainsi, une question ne cesse d’interroger les chercheurs : est-il possible de retarder ce moment fatidique ? Des études ont déjà mis en avant les bienfaits d’un mode de vie sain sur nos neurones.

Selon une récente étude, la musique pourrait également jouer un rôle. La recherche menée par des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE), de la HES-SO Genève et de l’EPFL, a été publiée dans le numéro de juin 2023 de la revue Science Direct.

Musique : une augmentation de 6% de la matière grise

Pour cette étude, les chercheurs ont suivi 132 retraités en bonne santé âgés de 62 à 78 ans, n’ayant jamais pratiqué de musique.  »Nous voulions des personnes dont le cerveau ne présentait encore aucune trace de plasticité liée à l’apprentissage musical. En effet, même une brève expérience d’apprentissage au cours de sa vie peut laisser des empreintes sur le cerveau, ce qui aurait biaisé nos résultats », explique Damien Marie, auteur de l’étude et chercheur à la Faculté de médecine et au Centre interfacultaire des sciences affectives (CISA) de l’UNIGE, ainsi qu’à la Haute école des sciences de la santé de Genève.

Les participants ont été répartis au hasard dans deux groupes. Le premier a reçu des cours de piano, tandis que le deuxième avait des cours de culture musicale et de sensibilisation à l’écoute musicale. Chacun des cours durait une heure, et les volontaires des deux groupes accordaient une demi-heure par jour à leurs devoirs.  »Après six mois, nous avons trouvé des effets communs pour les deux interventions. La neuro-imagerie a révélé une augmentation de la matière grise dans quatre régions cérébrales impliquées dans le fonctionnement cognitif de haut niveau chez tous les participants, y compris les zones du cervelet impliquées dans la mémoire de travail. Leurs performances ont augmenté de 6% et ce résultat était directement corrélé à la plasticité du cervelet », explique Clara James, auteure de l’étude, et professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UNIGE, et professeure ordinaire à la Haute école des sciences de la santé de Genève.

Musique : un meilleur volume de la matière grise chez ceux qui l’écoute

Toutefois, si la matière grise a augmenté dans les deux groupes, les chercheurs ont constaté une différence entre les deux groupes. En effet, chez les pianistes, le volume de matière grise est resté stable dans le cortex auditif primaire droit (partie du cerveau qui analyse les informations auditives). En revanche, ce même volume a diminué dans le groupe qui a reçu les cours de culture musicale.

De plus, les chercheurs insistent sur l’importance d’autres travaux pour confirmer leur découverte.

 »Un schéma cérébral global d’atrophie était présent chez tous les participants. Par conséquent, nous ne pouvons pas conclure que les interventions musicales rajeunissent le cerveau. Ils ne préviennent le vieillissement que dans des régions précises », précise Damien Marie. Les chercheurs se réjouissent tout de même de ces résultats, et estiment qu’ écouter ou pratiquer de la musique pourrait être une clé pour améliorer la plasticité cérébrale.

Source

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666956023000119?via%3Dihub

https://presse.inserm.fr/le-declin-cognitif-apparait-des-45-ans/2536/